Poèmes d’Emily Dickinson



I'm nobody! Who are you?

Are you nobody, too?

Then there's a pair of us — don't tell!

They'd banish us, you know.


How dreary to be somebody!

How public, like a frog

To tell your name the livelong day

To an admiring bog!


Je ne suis personne ! Qui es-tu?

N’es-tu également - personne ?

Nous formons donc une paire ! Ne le répète pas !

Ils nous banniraient tu sais !


Comme c’est ennuyeux d’être quelqu’un !

Comme c’est commun – tel une grenouille –

D’annoncer son nom tout au long du jour

A un marais admiratif !




Hope” is the thing with feathers -

That perches in the soul -

And sings the tune without the words -

And never stops - at all -


And sweetest - in the Gale - is heard -

And sore must be the storm -

That could abash the little Bird

That kept so many warm -


I’ve heard it in the chillest land -

And on the strangest Sea -

Yet - never - in Extremity,

It asked a crumb - of me.


L’ « Espoir » est la chose en plumes

Qui perche dans l’âme

Et chante la mélodie sans les paroles

Et ne s’arrête jamais vraiment.


Et que l’on entend au plus doux dans la tempête,

Et comme il doit être douloureux l’orage

Qui pourrait décontenancer le petit oiseau

Qui en a réchauffé tant


Je l’ai entendu dans les pays les plus froids

Et sur la plus étrange mer

Pourtant jamais, finalement

Il ne m’a demandé une miette.


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Over the fence —

Strawberries — grow —

Over the fence —

I could climb — if I tried, I know —

Berries are nice!

But — if I stained my Apron —

God would certainly scold!

Oh, dear, — I guess if He were a Boy —

He’d — climb — if He could!



Par delà la clôture -

Des fraises – poussent

Par delà la clôture -

Je pourrais grimper – si j’essayais, je le sais -

Les fraises sont belles!


Mais - si je tachais mon tablier -

Dieu me gronderait certainement !

Oh, mon cher, - je pense que s’il était un garçon -

Il grimperait – s’il le pouvait !


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This is my letter to the World

That never wrote to Me —

The simple News that Nature told

With tender Majesty


Her Message is committed

To Hands I cannot see —

For love of Her — Sweet — countrymen

Judge tenderly — of Me


Voici ma lettre au Monde,

Qui ne m’a jamais écrit -

Le simple message que la nature a révélé

Avec tendre majesté


Son message est confié

A des mains que je ne puis voir -

Par amour pour elle, doux compatriotes,

Jugez-moi tendrement.

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A word is dead

When it is said,

Some say.

I say it just

Begins to live

That day.


Un mot est mort quand on le prononce

Disent certains -

Je dis qu’il ne commence précisément à vivre

Que ce jour


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I like a look of Agony,

Because I know it's true—

Men do not sham Convulsion,

Nor simulate a Throe—


The Eyes glaze once—and that is Death—

Impossible to feign

The Beads upon the Forehead

By homely Anguish strung.


J’aime voir le tourment

Parce que je sais que c’est vrai -

L’Homme ne feint pas la convulsion

Ni ne simule une agonie.


Les yeux ne deviennent vitreux qu’une seule fois – et c’est la mort -

Impossible de feindre

Les perles sur le front

Enfilées par la simple angoisse


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One and One — are One —

Two — be finished using —

Well enough for Schools —

But for Minor Choosing —


Life — just — or Death —

Or the Everlasting —

More — would be too vast

For the Soul’s Comprising —


Un et un – font un -

Deux – a fini de servir -

Assez bien pour les écoles -

Mais pour les choix mineurs -


La vie – seulement – ou la mort -

Ou l’éternité -

Plus – ce serait trop vaste

Pour inclure l’âme -

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White as an Indian Pipe

Red as a Cardinal Flower

Fabulous as a Moon at Noon

February Hour —


Blanche comme un monotrope

Rouge comme une lobélie cardinale

Fabuleuse comme une lune à midi

Heure de février -


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When night is almost done -

And sunrise grows so near

That we can touch the spaces -

It 's time to smooth the hair -


And get the dimples ready -

And wonder we could care

For that old - faded midnight -

That frightened - but an hour -


Quand la nuit est presque passée -

Et que le soleil est si près de se lever

Que l’on peut effleurer l’espace -

Il est temps de lisser les cheveux -


Et de préparer les fossettes -

Et de nous étonner que nous ayons pu nous préoccuper

De ce vieux minuit pâle -

Qui n’était effrayant - qu’une heure.



Water, is taught by thirst.

Land – by the Oceans passed.

Transport – by throe –

Peace, by it’s battles told –

Love, by memorial mold –

Birds, by the snow.


L’eau est enseignée par la soif.

La terre par les océans franchis.

L’exaltation – par les affres -

La paix, par ses batailles racontées -

L’amour, par le moule commémoratif -

Les oiseaux, par la neige.



Perhaps I asked too large —

I take — no less than skies —

For Earths, grow thick as

Berries, in my native town —


My Basket holds — just — Firmaments —

Those — dangle easy — on my arm,

But smaller bundles — Cram.


Peut-être ai-je trop demandé –

Il ne me faut – pas moins que des ciels –

Les choses terrestres, elles, croissent

Comme des baies, dans ma ville natale -


Ma corbeille ne contient – que - des firmaments -

Ceux-ci – se balancent aisément – à mon bras,

Mais de moindres ballots – débordent.


Civilization – spurns – the Leopard!

Was the Leopard – bold?

Deserts – never rebuked her Satin –

Ethiop – her Gold –

Tawny – her Customs –

She was Conscious –

Spotted – her Dun Gown –

This was the Leopard's nature – Signor –

Need – a keeper – frown?


Pity – the Pard – that left her Asia –

Memories – of Palm –

Cannot be stifled – with Narcotic –

Nor suppressed – with Balm –


La civilisation – rejette – la léoparde !

La léoparde a-t-elle été – impudente ?

Les déserts – n’ont jamais condamné son satin -

L’Ethiopie – son or -

Le félin – ses coutumes -

Elle était consciente -

Sa blouse fauve - tachetée -

Telle était la nature de la léoparde – Signor -

A-t-elle besoin d’un gardien qui fronce les sourcils ?


Pitié pour la léoparde – qui a quitté son Asie -

Le souvenir des palmiers –

Ne peut être étouffé – avec des narcotiques -

Ni supprimé – avec des baumes -


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